C'est la crise !

Je sens que je vais tout envoyer valser, je ne supporte plus rien du tout, PLUS du TOUT !

La crise, on aimerait bien l’éviter, et pourtant ça fait partie de la vie !

Il y a la crise des trois ans (NON !), la crise d’ado (NAAAN…), la crise du milieu de vie (OUI ou NON ?), la crise de couple (je t’aime, moi NON plus)…
Et si j’extrapole, il y a aussi la crise économique, la crise de société, celle dont ma génération fait les frais depuis une trentaine d’années, puisque je suis née en temps de crise et que nous n’en sommes toujours pas sortis !

Mais au fait, c’est quoi la crise ?

Pour bien comprendre, il me semble important de revenir au sens premier du mot, c’est-à-dire à son étymologie.

En latin crisis signifie : « Manifestation violente, brutale d’une maladie, avec des sueurs, une hémorragie, des tremblements violents, etc. ». On ne peut pas dire que ça fasse rêver.

En grec krisis signifie : « Jugement, décision ». Là, c’est un petit peu mieux…

La combinaison de ces deux définitions est intéressante : cela nous apprend qu’une crise correspond à un événement brutale et désagréable, face à lequel il faudra prendre des décisions. Un équilibre est rompu et quelque chose doit changer si la personne ou le couple veut continuer d’avancer de façon constructive et paisible. Il y a l’idée de douleur : c’est violent, subit, mais il y a également l’idée d’opportunité : il faut faire des choix.

Alors oui, si la crise est un moment difficile, qui éprouve, elle a aussi une fonction : celle de remettre en question, afin de faire grandir la/les personnes, de les inciter à trouver des solutions pour un nouvel équilibre source de satisfaction et d’épanouissement.

Mais… pourquoi la crise ?

Un couple qui s’inscrit dans la durée passe sans cesse d’une étape à une autre. Ces étapes sont liées au cycle de la vie, elles sont naturelles, prévisibles, même si pour chaque couple elles seront vécues de façons différentes, pas toujours dans le même ordre, rarement de façon tranchée.

Nous pouvons en nommer quelques-unes :

– Le temps de la rencontre amoureuse puis de la désidéalisation.
– La naissance des enfants.
– Le milieu de vie.
– L’âge de la retraite.

D’autres étapes sont imprévisibles, souvent liées à des événements extérieurs : maladie, déménagement ou éloignement de la famille, chômage, accident …

Quoiqu’il en soit, chacune de ces étapes demande une certaine capacité d’adaptation qui dépendra non seulement des ressources personnelles de chaque personne mais aussi de sa souplesse psychique quand à l’accueil de ces changements, de sa capacité à renoncer à ce que l’autre soit parfait ou comblant, de son adaptation au réel, de sa propre remise en question.

Tel événement ne sera donc pas accueilli et vécu de façon identique d’un couple à l’autre, ainsi même au sein du couple, d’une personne à l’autre. L’impact peut aller de la remise en question positive au véritable vacillement.

Parlons d’abord du temps de la rencontre amoureuse … suivi de la désidéalisation.

Ah ! Qu’il est doux le temps de la rencontre : « Je ne pensais qu’à elle ! Elle ne voyait que moi, elle me trouvait génial et j’adorai ça ! » me partage un homme dont l’évocation de ce souvenir le remplit d’enthousiasme.

Qu’il est bon d’aimer, de se sentir aimé, de vivre cette impression où l’autre pourrait finir, en osmose, les phrases que vous venez de commencer ! L’aimé(e) se pare de toutes les qualités. Il/elle est cette partie de vous même que vous recherchiez…

Cette période amoureuse qui donne « des papillons dans le ventre », pour reprendre les mots d’une jeune femme, soude le couple. Malheureusement -ou plutôt heureusement devrai-je dire-, elle ne dure pas : la lune de miel une fois passée, la réalité quotidienne, entendez la VRAIE vie avec des VRAIS gens, aura vite fait de vous ouvrir à nouveau les yeux.

C’est ainsi que le plus banal des quotidiens devient un terreau de désaccords et de déceptions : mon aimé(e) n’est plus le prince ou la princesse rencontré(e) il y a quelques années, le philtre d’amour à cessé. Il/elle ne me comble plus, m’agace, ronfle, et je vous passe les détails du quotidiens.« Comment ai-je pu choisir un individu de la sorte ? » pourra-t-on penser face à l’un de ces détails crus …

La crise n’est plus très loin : comment apprendre à aimer cet homme, cette femme, sans l’idéaliser, avec ses défauts, son imperfection ses failles et ses limites ? A mon tour, comment m’accepter aimable et me montrer sous mes bons jours comme sous mes plus mauvais, sans tricher ? Est-ce l’autre qui change ou mon regard sur lui qui évolue ?

Autre source de conflit : la naissance des enfants…

… souvent source de désaccords alors même qu’ils étaient désirés au départ. La naissance d’un enfant modifie la dynamique du couple. L’enfant demande à chacun de revoir son espace de liberté, ses sorties, ses responsabilités. Les places évoluent : on découvre l’autre sous un nouveau jour, père ou mère. Avec enthousiasme, déception, et parfois même avec angoisse.

Dès son plus jeune âge, l’enfant interroge. Je dirai même qu’il a la subtilité d’interroger vos performances, titiller votre autorité, jouer avec vos limites, exciter vos failles.

« Et si vous étiez un mauvais parent ? » vous murmure une petite voix intérieure, quand ce n’est pas celle de votre conjoint ou d’un autre personnage de votre inconscient …

Vous êtes une mère fatiguée, happée par la maternité, vous devenez un père jaloux, désemparé : ce bébé occupe une place que vous convoitez, celle des bras de votre femme, transformée sans scrupule en Blanche-Neige émerveillée, alors qu’au départ, vous aviez choisi Pocahontas.

« Le mariage, c’est du sabotage » pensez-vous chacun dans votre coin, accusant l’autre de tous les maux dont vous souffrez, qu’il devrait deviner, voire même vous guérir.

Le couple à l’épreuve de la parentalité est une problématique qui revient très souvent chez les personnes que nous accompagnons. Devenir parent est une expérience formidable, mais parce que je ne veux ni l’idéaliser ni la rabaisser, promis, Isabelle et moi, nous vous en ferons un billet plus tard.

Le milieu de vie: la quarantaine, la cinquantaine.

Lendemains qui chantent. Ou douloureuse période de l’existence. Les enfants devenus adolescents quittent ou quitteront bientôt le nid familial pour construire une vie professionnelle et amoureuse sans vous. Vos parents vieillissent, certains de vos proches, amis, sont touchés par la maladie. A travers ces différents mouvements, ce sont les problématiques angoissantes du sexuel et de la mort qui sont interrogées. Votre corps et ses rides installées vous rappellent que le temps passe.

C’est l’heure du bilan : Qu’ai-je fais de ma vie ? Quel sens lui ai-je donné ? Où en sont mes projets familiaux, professionnels ? Où se trouve mon désir ? Suis-je encore aimable, capable de désirer ? Séduisant ? Ai-je vraiment pensé à moi ? Où en sommes-nous de notre couple ? Et si je faisais table rase ? Mes enfants sont partis et me manquent …

Si certains couples connaissent un nouvel élan amoureux, ensemble, d’autres seront fragilisés. La crise personnelle de l’un se projette parfois sur l’autre : « Que devons nous faire pour continuer ? Que devons-nous changer ? »

L’âge de la retraite.

« Quand je suis partie à la retraite, la maison m’a semblé vide, ma vie sociale et professionnelle me manquaient cruellement, je n’avais rien anticipé, j’ai pris ça en pleine figure. Mes deux enfants étaient aux quatre coins du monde. Nous nous sommes retrouvés en tête-à-tête, mon époux et moi, presque étonnés de déjeuner ensemble et de n’avoir rien à se dire, après tant d’années rythmées et denses. Il tournait en rond autour de moi, donnait son avis sur les menus, lui qui s’en était jamais soucié. Il me consternait, cette proximité journalière m’exaspérait : la retraite, c’était donc ça ? Supporter l’autre, et n’avoir plus rien à faire, sinon s’engueuler sur le choix des légumes et la destination de nos voyages ? ».

La retraite provoque un immense changement de rythme pour le couple. Comment éviter cet écueil, celui de ne plus pouvoir supporter l’autre, de réaliser après 40 ans de vie commune, que finalement, vos aspirations ne sont pas si communes que cela pouvait le paraître ? Au fond, les désaccords ne sont pas nouveaux, mais à présents, les activités professionnelles ou tournées vers les enfants ne sont plus là pour les contenir, les masquer.

Les aspirations de chacun peuvent être différentes : l’un peut ressentir le besoin d’être « nourrit » intellectuellement ou socialement pour compenser une vie professionnelle stimulante qui n’est plus, tandis que l’autre rêve d’espace et de liberté à travers mille et unes idées de voyages.

Alors que faire ? S’engager dans des associations ? Courir d’expositions en conférences ? Partir sur les chemins de Saint-Jacques ? Le couple est-il obligé de tout faire à deux ?

« On ne fait plus rien ensemble » se désolait un homme, dont l’idée angoissante d’une mort prochaine, le plongeait dans un dynamisme de vie immense que sa femme ne pouvait/voulait plus suivre, tant au niveau des sorties, que de l’érotisme.

A l’heure où les ombres s’allongent, comment penser ces problématiques à deux afin de trouver un nouvel équilibre … surtout quand elles n’auront, au final, jamais ou peu, été pensées tout au long de la vie conjugale ?

La qualité relationnelle de cette période de vie dépend de la manière dont toutes les étapes précédentes auront pu se vivre, se parler, évoluer, penser la différence. La vie de couple est une aventure à l’épreuve de la réalité, de la parentalité, du temps qui passe, alors …

Puissent hommes et femmes espérer trouver dans la même personne celui/celle qui encourage le développement, la croissance, l’épanouissement de chacun, de façon personnelle, professionnelle, sociale, érotique (…)

Vivre en couple relève d’un talent et d’un amour exceptionnels à portée de tous : ils se révèlent dans nos imperfections !

Douloureuse crise et nouvel élan

Tout semble vous peser, vous enfermer, comme me le partageait cet homme à propos de sa vie conjugale et familiale : « J’étouffe, mon avenir n’a plus d’horizon ! »

L’autre vous pèse. Vous êtes des colocataires libres, la complicité en moins.

Ou bien, la dépendance amoureuse et sécurisante des premiers temps est devenue accablante, elle glisserait même vers l’envahissement. Pourtant, c’est bien ce lien exclusif qui avait aidé le couple, au temps de la rencontre, à se construire dans la durée, autour d’un projet, d’un idéal, des valeurs, de la sexualité, de l’altérité.

Comment se fait-il que soudain tout semble s’effondrer alors que le couple était prêt à gravir des montagnes, enchaîner des cols ? (images gentillettes souvent reprises à l’occasion des mariages ! )

Et bien, parce que vous êtes un couple en évolution, et que cela provoque des remises en questions. Et c’est normal : c’est bon signe, cela veut dire que votre couple est vivant, oui, bien vivant, qu’il évolue, que vous passez des étapes, et que ce mouvement vous fait sortir de la symbiose ou de la routine dans laquelle vous vous étiez confortablement installés.

Vous redevenez vous-même, différent de l’autre. Alors, comme on est DEUX – enfin, quand familles, belles-familles, amis ne s’invitent pas -, forcement, ça complique.

Ce mal-être est infiniment éprouvant et déstabilisant. Ce qui fait dire parfois à certain(e)s en pleurs : « J’ai envie de mourir » tant l’issue leur semble impossible.

Face à la crise, que faire ?

Face à la crise, si la vague vous submerge, vous avez la possibilité de vous entourer de personnes « ressources », je parle de vos amis proches, un ou deux, ceux en qui vous avez VRAIMENT confiance, assez solides pour accueillir ce que vous traversez et ne pas le partager à son/votre entourage.

Vous avez également la possibilité de venir nous rencontrer pour :

reconnaître et nommer vos émotions afin de repérer plus justement les conflits, mieux les travailler. Nommer la culpabilité, la honte, la colère…
repérer les liens entre le passé et le présent. Les avoir à l’esprit permet une première libération intérieure, en rangeant chaque événement à sa place
mettre en lumière les jeux de projections et sortir du « ping-pong » conjugal ou de la victimisation, vous aider à reprendre votre vie en main, ce qui vous appartient et ne vous appartient pas
renoncer à ce que vous désiriez : le couple idéal, le conjoint idéal, celui ou celle que j’aurai aimé être, pour accéder à la réalité, imparfaite, mais celle qui est la votre, et dans laquelle votre vie est ancrée
redistribuer à chacun sa place au sein du couple ou de la famille, et même au sein de soi-même, afin de (re)découvrir peu à peu ce à quoi vous êtes appelés à vivre
relire votre vie de couple : vous aider à aménager ou à concilier par un meilleur équilibre entre vos différents espaces, personnel, conjugal, professionnel, parental

écouter l’enfant qui souffre en vous, réveillé par et dans le lien conjugal ou parental

Oui, une crise est douloureuse mais vous pouvez en sortir changés, grandis, avec un immense désir de vivre et d’aimer à nouveau.

A écouter : Les crises de famille, RCF

C’est la crise !